Préparatifs intempestifs de plans machiavéliques

08/03/2008

La cour intérieure
Le 13 mai 1192

Du divertissement. Il lui fallait à tout prix un divertissement, digne des plus grands pour occuper les sous-fifres du Prince. L’invasion de ses sbires se poursuivait sous l’œil impuissant du shérif, et il était grand temps qu’il clame haut et fort sa supériorité.

Dans son immense et vaste bureau, Vasey effectuait les cent pas, réfléchissant à toute vitesse. Comment allait-il pouvoir tenir éloigner de ses projets, les nobles gens de la cour qui avaient décidé de s’installer dans les environs. Ils étaient de plus en plus nombreux et leurs demandes dépassaient l’entendement. Le shérif ne pouvait plus poursuivre ses petites affaires. Il avait de grands projets pour cette contrée.

Heureusement le mois de mai regorgeait de fêtes et de coutumes à célébrer, toutes aussi nombreuses les unes que les autres. Des branches de hêtre et d’aubépine ornaient les maisons de Nottingham et les étables. L’heure était à la fête. Le retour du beau temps remplissait les cœurs d’espoir et les jeunes hommes de la région commençaient à courtiser ses dames. Le temps des mariages approchait à grand pas et juin n’en serait point épargné. Tout comme le shérif.

A cette pensée, il grimaça de plus bel et se laissa tomber dans son siège majestueux.
Un simple mariage, même de noble lignée, ne suffirait pas à accaparer les loups de sa royale seigneurie.

Le mois de mai était propice au tournoi d’archer, mais avec ce brigand de Robin des Bois, Vasey craignait surtout de se couvrir de ridicule –encore une fois. Ses hommes demeuraient de vrais incapables. La forêt avait beau être ratissée dans tous les recoins, impossible de leur mettre la main dessus et sur leur nouveau campement. L’ancien, laissé à l’abandon, n’offrait aucune piste potentielle sur leur nouvelle destination. Pourtant les hors-la-loi poursuivaient leurs méfaits sous le nez de ses soldats. Et avec l’arrivée de tous ces nobles, cela n’allait pas en diminuant.

Mais l’heure n’était pas à l’arrestation de ses vauriens. Vasey devait éloigner les rats du Prince du château pour pouvoir mettre ses plans à exécution. Il devait réunir une armée de fidèles, prêts à se partager l’Angleterre en part égale. Le sceau de leur alliance verrait la fin de cette royauté douteuse et le shérif pourrait ainsi se prétendre en seigneur légitime et véritable de la région. Voire de nombreuses autres régions qui n’attendaient que sa venue.
Les conspirateurs devaient arriver sous peu de temps et le shérif se voyait obligé de lesaccueillir au sein d’un château peuplé de fidèles du Prince ou du Roi. Il fallait absolument les pousser à sortir.
Il avait bien songé à organiser une agitation carnavalesque. Le carême ayant pris fin, l’occasion de se laisser aller aux extravagances pouvait délier les langues et remplir la panse. Mais ces fêtes demeuraient trop badaudes pour que les nobles seigneurs s’y prêtent.
Non, il lui fallait trouver autre chose, d’autrement plus intéressant.

Jouant avec son gobelet vide sur son bureau, Vasey se perdit dans des réflexions poussées sur comment attiser l’intérêt de Sir Percy, Lord Fenry et tous les autres. Une cérémonie princière était plus alléchante mais aucun prétexte ne lui venait à l’esprit pour justifier l’organisation d’un tel événement. Il ne fallait pas non plus qu’il éveille les soupçons.
Le seigneur s’amusa à faire tourner son verre comme une toupie sans qu’il perde l’équilibre, le poussant à faire le plus de tours possible, tout en se perdant dans ses pensées.

Une parade ne se verrait pas suffisamment longue pour lui permettre d’accueillir ses acolytes en toute discrétion. Sans compter qu’elle déambulerait dans les rues de la ville et l’agitation en serait doublée. Les sbires du Prince demeureraient dans les environs, alors que le but de la manœuvre était justement de les attirer aux alentours de la ville.

Soudain son verre tomba au sol dans un grand fracas et Vasey l’observa quelque instant. Un fond de vin s’était déversé sur le sol et ses tâches brunâtres recouvraient le sol en pierre sous ses pieds. Fixant le liquide rougeâtre qui se laissait imprégner dans le tapis de peau de bête qui était disposé sous son bureau, le shérif eut soudain un éclair de génie.

Une joute !
Un tournoi !

Il était de coutume d’organiser pareil épreuve de la pentecôte jusqu’à la St Jean. Aussi un tel événement semblerait tout à fait normal. Sans compter qu’il pourrait ainsi faire d’une pierre deux coups. A la fois, occuper les seigneurs du château qui chercheraient à mener des duels sauvages pour gagner de l’honneur. Et dans le même temps, remporter suffisamment d’argent entre les gains, les dépenses des spectateurs et les rançons payées lorsqu’il y aurait des arrestations en nombre.

Evidemment, il lui faudrait y mettre dans l’argent pour organiser banquet, réception, établissement d’édifice et victuailles. Mais le jeu en valait largement la chandelle.

A cet instant, Guy de Guisbourne pénétra dans son bureau.

Contemplant toujours son reste de vin, Vasey lança d’une voix joyeuse.

_ Guisbourne, vous allez avoir de quoi être occuper. Et vous serez ravi d'apprendre que mes plans vous permettront également de gagner l’attention de votre donzelle.

27/02/2008

Arrow La cour intérieure
Le 15 mai 1192

Guisbourne profitait du fait que Percy était encore à la recherche de la princesse Ophélie pour se reposer et faire le point. On ne pouvait pas dire que sa situation était pire depuis la fuite de la jeune princesse. Elle n'était pas meilleure non plus d'ailleurs. Quand Percy ne lui imposait pas de longues heures de travaux, d'entrainement avec ses hommes et de recherche dans les bois.

Pourtant il n'arrivait pas à être frustré ou en colère. Depuis l'affaire de Percy, Marianne et lui étaient plus proches. Elle était venu le chercher quand elle avait eu besoin d'aide. Il avait été ravi de l'aider et surtout ravi de contre-carrer les plans de Percy.

Alors qu'il souriait à cette pensée, les gardes effectuaient les relèves. Les hommes rongeaient leur frein. Depuis l'arrivée de l'envoyé du Prince Jean, ils étaient cantonnés à la garde du château et ne faisaient plus aucune mission dans le comté. Guy sentait que ses hommes commençaient à en avoir marre. Jetant un oeil vers les couloirs du château, il aperçu le Shérif qui se dirigeait vers son bureau. Soupirant, il parti dans cette direction. Vasey était particulièrement remonté contre tous les envoyés du Prince. Ne pas être maître de la situation le rendait irascible et particulièrement irritant.

Il monta au pas de course jusqu'au bureau du Shérif. A peine entré, celui-ci lui parla.

_ Guisbourne, vous allez avoir de quoi être occuper. Et vous serez ravi d'apprendre que mes plans vous permettront également de gagner l’attention de votre donzelle.

Son ton joyeux et ses allusions à Marianne n'avait rien pour rassurer Guy. Mais il décida de faire comme d'habitude et haussa simplement les sourcils. Il croisa les bras et observa un instant Vasey. Il était déjà très occupé mais si Vasey daignait enfin l'aider à se débarrasser de Percy tant mieux.

"- Qu'avez-vous prévu Monseigneur qui vous met de si bonne humeur ? Je croyais que je devais servir de larbin à Percy pour le moment ? Les hommes commencent à être agité. Ils n'aiment pas être cantonnés à la garde."

Il faillit rajouter que lui n'aimait pas être le larbin du chevalier mais n'en fit rien. Il s'assit et attendit le plan du Shérif.

08/03/2008

Guy de Guisbourne semblait plus que lassé. Ses journées devaient s’apparenter à du pur ennui depuis sa nouvelle mission, mais Vasey n’en avait que cure.
Se délectant d’avance à l’idée de génie qui venait de germer dans son esprit, le shérif de Nottingham ria de bon cœur à la remarque de son second.

_ Ce bon vieux Percy aura son heure ! Bien assez tôt.

Se levant souplement –du moins avec toute la souplesse de son âge- Vasey se lança dans un lent aller-retour derrière son bureau, marchant avec calme et précision. Les cents pas ne lui avaient jamais paru aussi délectables qu’en cet instant.

_ Un tournoi, Guisbourne. Voilà ce qu’il nous faut, annonça-t-il soudainement.

Il était bien conscient que son maître d’arme attendait depuis plusieurs minutes déjà, qu’il dévoile ses intentions, mais elles étaient telles que le vieil homme prenait un malin plaisir à laisser durer encore un peu le suspens.

Devant l’air contrit de son ami, le shérif poursuivit.

- Un tournoi que diable ! Des combats, des épées, du sang, de la sueur et du bon vin. De quoi occuper la populace et ces nobles. Le temps suffisant pour nous, d’accueillir ceux que nous attendons depuis plusieurs mois déjà… !

L’idée était brillante ! Même si malheureusement, elle incombait des dépenses spectaculaires. Et avec ces vils hors-la-loi qui courraient la forêt, rien ne promettait que cette intervention soit fructueuse. Mais qu’importe, ainsi ils seraient tous accaparés par l’événement et seraient fort loin de la ville et du château. Et là, était le but premier.

_ Imaginez, continua Vasey en gesticulant d’impatience et de hâte. Les spectacles, les cris, les paris… Les têtes vous tournées, et tombées... Toutes les attentions du monde seront rivées sur le déroulé du tournoi. La ville sera vide. Le château esseulé.
Nous y serons plus que tranquilles.

Le shérif lisait à présent dans les yeux de son maître d’arme, un nouvel intérêt. Lui qui attendait de l’action, il allait pouvoir être servi.

S’asseyant soudainement à son bureau, le shérif annonça d’une voix confiante :

_ Mettez Duncan et quelques hommes sur le coup, ordonna-t-il. Qu’ils nous trouvent un terrain adéquat. Dans la discrétion la plus leste. Plus les gens sauront, plus la foule arrivera. Qu’ils n’hésitent pas à en parler « par mégarde ». Mais sans que cela paraisse trop surfait.
Quant à vous, vous allez être en charge de toute autre chose. Figurez-vous que le Prince Jean…

Quelques coups vifs à la porte l’interrompirent et la joie du seigneur du coin s’envola aussitôt, coupé en plein élan. D’un geste de la main, il intima le silence le plus total à son maitre d’arme avant d’autoriser l’entrée de celui qui osait les déranger.

[EDIT MJ : j'ai supprimé la partie ou on parle d'Eléonore puisque le personnage ne sera pas reprit]

27/02/2008

A l'annonce du tournoi du Shérif, Guy ne comprit pas immédiatement les intentions de son lige. Que cherchait-il ? Le Shérif n'organisait jamais des festivités sans une raison bien précise.

"- Un tournoi que diable ! Des combats, des épées, du sang, de la sueur et du bon vin. De quoi occuper la populace et ces nobles. Le temps suffisant pour nous, d’accueillir ceux que nous attendons depuis plusieurs mois déjà… !"

Guy savait parfaitement en quoi consistait un tournoi. Il avait remporté plusieurs épreuves en France et en Angleterre avant de se mettre au service de Vasey. Le maître d'armes se renfonça dans sa chaise attendant la suite. Le Shérif aimait ménager ses effets. Il prenait toujours son temps et protester ou faire des demandes ne ferait que rallonger le récit.

"_ Imaginez. Les spectacles, les cris, les paris… Les têtes vous tournées, et tombées... Toutes les attentions du monde seront rivées sur le déroulé du tournoi. La ville sera vide. Le château esseulé.Nous y serons plus que tranquilles."

Et alors, ils pourraient agir ... Découvrir ce que préparait les envoyés du Prince et peut-être même les mettre en difficultés. Guy se redressa d'un seul coup et commença à étirer ses lèvres dans un sourire carnassier. Alors que le Shérif poursuivait ses instructions, le maître d'armes se plaisait à penser que la roue allait enfin tourner. Pour une fois, les choses tournaient en leur faveur. Ils pourraient reprendre la main. Percy et Seymour en faisaient un peu trop à leurs goûts et cela commençait à l'irriter.

[EDIT MJ : pareil que pour le message précédent !]

04/06/2008

La journée était bien avancée et Leon en avait plus que marre d'être debout. Franchement le boulot de garde c'était pas de tout repos. Surtout avec tous les supérieurs qui passaient leur temps à râler. Fais-ci ou je te castre, fais-ça ou je te file un coup de pied au cul... Les menaces ne leur faisaient plus peur, à lui et aux autres, les chefs passaient tellement de temps à les menacer qu'à la fin ils n'avaient même plus le moindre soupçon de terreur.

Sa hallebarde commençait à lui peser sérieusement et la voix hargneuse du Shérif dans la pièce d'à côté qui discutait depuis maintenant des heures avec Guisbourna lui courrait sur le haricot. Mais bon. Il repensa à sa paie et sourit sous son casque. Au moins sa famille pouvait manger. Il pouvait bien supporter les enfantillages de ses supérieurs...

Un page arriva soudain, il le reconnaissait, c'était Phil, le nouveau. Blond et menu, le p'tit gars avait un bon fond et était de fait, le bouc émissaire de tous. Se tordant les mains, le serviteur s'adressa à lui, yeux rivés au sol, s'excusant d'avance du dérangement. Une victime en puissance.

"Scusez m'sieur Leon mais... J'aimerais parler au m'ssire Shérif, ya quelqu'un qui m'a chargé d'un message.
- Bin passe mon gars."

Il opina et toqua.

Phil était à deux doigts de se salir les froques... Il détestait se rendre dans le bureau du Shérif. Lui et son maitre d'arme froid le terrifiaient. Mais l'homme qui lui avait parlé avait précisé que c'était d'une importance capitale... Déglutissant, il toqua.

Après l'assentiment, il entra et yeux baissés, délivra son message d'une voix tremblante :

"M'ssire Shérif, ya un homme dans la cours qui s'appelle Lucky Georges... Il se propose de vous louer son champs pour le tournoi... Y dit que c'est une proposition top secrète et qu'il veut l'exclusivité... Il vous propose aussi de commencer à construire les batiments d'accueil de l'évènement dès demain mais il veut une réponse demain au plus tard..."

Phil n'en pouvait déjà plus d'être dans cette pièce à l'odeur de renfermé. Il avait envie de vomir mais se retint. Il ignorait comment le dénommé Georges avait été mis au courant pour le tournoi, lui même l'ignorait, mais il était sans doute assez malin pour avoir flairé le bon coup.

Le Shérif le renvoya d'un signe de main et le petit page ne se fit pas prier. En refermant la porte, il salua Leon et fila.

Leon regarda Phil partir avant d'entendre le Shérif tempêter sur l'indiscrétion et l'incapacité des gens à fermer leur clapets et il s'autorisa un soupir discret. Il espérait juste que ce n'était pas Jace, le garde du matin, qui avait balancé l'info...